POURQUOI L'OMEGA SPEEDMASTER DEVANCE LA ROLEX DAYTONA
Lancées respectivement en 1957 et 1963, l'Omega Speedmaster et la Rolex Daytona sont probablement les chronographes les plus célèbres jamais conçus. Ces deux fleurons de l'industrie ont vu le jour dans un monde bien différent. Un monde où la course spatiale entre les Soviétiques et les États-Unis battait son plein, où les courses automobiles faisaient un retour en force après l'interruption des années de guerre et où Elvis Presley tenait encore dans son pantalon.
Depuis lors, elles ont toutes deux connu les hauts et les bas des montagnes russes de l'industrie horlogère, la Speedmaster allant sur la Lune, la Daytona enflammant le monde des enchères grâce au plus grand parrainage de célébrité jamais vu, et toutes deux fermant les écoutilles pendant la longue période de la crise du quartz.
Aujourd'hui, les deux modèles sont non seulement toujours là, mais ils sont aussi plus appréciés que jamais et jouissent d'un véritable statut de symbole.
Une Omega Speedmaster à remontage manuel datant de 1962. Image : Bonhams
Pourtant, sur le marché actuel, une Daytona neuve en acier se vend plus de deux fois plus cher qu'une Speedmaster d'entrée de gamme. Elle est généralement perçue comme la montre la plus convoitée, avec des listes d'attente plus longues que celles d'une Ferrari haut de gamme.
Au contraire, vous pouvez sans doute acheter une Speedmaster flambant neuve dans votre quartier, tandis que les Omega Speedmaster Moonwatch d'occasion sont également très répandues et coûtent à partir de 5 000 € environ.
Mais la domination de la Daytona sur sa rivale de longue date est-elle justifiée ? À notre humble avis, non, et voilà pourquoi…
La Daytona n'a pas connu un succès immédiat
Aujourd'hui, elles se vendent à des centaines de milliers de dollars et font les choux gras du monde des enchères. Il est donc difficile de croire que la Daytona a connu un échec à son lancement.
Outre le fait que les chronographes n'étaient pas encore à la mode auprès des consommateurs, Rolex était si étroitement associée à des modèles simples et robustes comme la Submariner, la GMT et la Datejust que ce chronographe sportif n'a suscité qu'un simple haussement d'épaule collectif.
Les clients indifférents ont dû être séduits à coups de rabais importants et autres récompenses. Imaginez entrer dans une bijouterie aujourd'hui et que le vendeur vous supplie d'en acheter une avec un rabais de 50 % et un jeu de boutons de manchette gratuit.
Incroyable mais vrai, la Daytona était autrefois snobée par les amateurs de montres
L'association de la Speedmaster avec les voyages dans l'espace l'a rendue beaucoup plus populaire, et Omega disposait déjà de fonctions de chronométrage complexes en raison de sa relation de longue date avec les Jeux olympiques.
Le rejet de la NASA essuyé par Rolex
Tout comme les fans de football anglais aiment encore parler de 1966 et de la victoire d'Alf Ramsey en Coupe du monde, Omega n'a jamais laissé l'industrie oublier que la Speedmaster a été la première montre sur la Lune.
Et Rolex doit avoir du mal à essuyer cette défaite, car la Daytona n'était pas loin d'être sélectionnée pour les missions spatiales de la NASA.
En 1964, lorsque les chercheurs de la NASA étaient en quête d'une montre pour accompagner ses astronautes dans l'espace, ils ont demandé à dix marques de montres de proposer un modèle à tester. Seules quatre d'entre elles ont répondu : Omega, Longines-Wittnauer, Hamilton et Rolex, qui proposa la 6238, un chronographe pré-Daytona qui allait devenir la Daytona que nous connaissons aujourd'hui.
Une Daytona moderne très prisée, la référence 116506
Inexplicablement, pensant peut-être que la mission de la NASA était un voyage dans le temps vers le 19e siècle plutôt que vers la Lune, Hamilton a proposé une montre de poche, ce qui les élimina sur-le-champ.
Les modèles Wittnauer-Longines et Rolex atteignèrent au moins la ligne de départ, mais ils échouèrent à un premier test de vide thermique. L'Omega dût donc faire cavalier seul pour le reste des essais, qu'elle passa avec brio.
Les mouvements
La Speedmaster et la Daytona ont toutes deux commencé par des mouvements à remontage manuel, les chronographes automatiques n'ayant été introduits qu'en 1969.
Les premières Daytona étaient équipées d'un Valjoux 72 et ont fait confiance aux mouvements de ce célèbre fabricant jusqu'aux années 1980, lorsqu'elles sont passées à l'automatique avec le mouvement El Primero de Zenith, qu'elles ont utilisé pendant douze ans.
Il a fallu attendre l'an 2000 pour que la Daytona se dote enfin d'un mouvement maison, remplaçant le calibre 4030 par son propre 4130.
A contrario, Omega a eu recours à ses propres mouvements pour la Speedmaster depuis sa création, à commencer par le calibre 321. Celui-ci était à l’origine fabriqué par Lemania – qui a fusionné avec Omega dans les années 1930 – avant d'être adapté à la Speedmaster. Aujourd'hui, les propriétaires ont la possibilité de choisir entre un mouvement à remontage manuel ou automatique.
Une innovation plus récente a amélioré non seulement la Speedmaster mais aussi tous les modèles Omega qui l'utilisent. Il s'agit de l'échappement coaxial, inventé par le regretté horloger anglais George Daniels.
Désormais utilisé exclusivement par Omega, il a été conçu pour réduire les frottements et le besoin de lubrification tous les deux ou trois ans. Fait étonnant, Daniels lui-même a porté un prototype de montre doté de cet échappement pendant plus de 20 ans sans qu'il soit nécessaire de l'entretenir une seule fois. Faites mieux, Rolex !
Le cinéma… ou la lune ?
La Daytona et la Speedmaster seront à jamais associées à deux grands hommes – Paul Newman et Buzz Aldrin, respectivement. Et c'est ce qui influencera certaines personnes lorsqu'il s'agira de choisir entre ces deux modèles, au mépris des caractéristiques et du design !
Ce modèle 2021 est équipé du mouvement 1863 à remontage manuel
Vous pouvez opter pour la montre portée par l'une des véritables légendes d'Hollywood, un fanatique de course automobile et un philanthrope qui a consacré une grande partie de sa vie à des causes caritatives.
Ou la montre portée par le deuxième homme sur la lune – un exploit monumental – et actuellement le dernier membre survivant de l'équipage d'Apollo 11, la mission qui reste sans doute la plus grande réussite technologique du 20e siècle.
Posez-vous la question : quel meilleur témoignage de confiance que celui-là ?
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